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Comment fonctionne un compte courant d’associé ?

Le compte courant d’associé représente un mécanisme particulièrement prisé par de nombreuses sociétés françaises qui offre un moyen interne et flexible de soutenir leur trésorerie. Contrairement à une augmentation de capital, cette solution permet à une personne déjà associée d’injecter de l’argent dans l’entreprise sans modifier la répartition du pouvoir et également de conserver la souplesse d’un prêt interne. Afin de maximiser les avantages de ce dispositif, il est essentiel de comprendre son fonctionnement, les conditions légales qui l’encadrent, les conventions à mettre en place, les intérêts applicables, le taux idéal, ainsi que les modalités de remboursement.

Publié le 14/12/2021 à 17h19 - Modifié le 09/12/2024 à 16h17

Quel est le principe d’un compte courant d’associé ?

Le compte courant d’associé se définit comme une mise à disposition d’argent par un associé au profit d’une société dont il détient déjà une part du capital. Il s’agit d’un prêt interne, dont les fonds avancés sont inscrits au passif du bilan. Contrairement à un apport au capital, qui transforme la structure du capital de l’entreprise, le compte courant ne modifie pas la répartition des actions ou parts sociales. Cette mise à disposition de liquidités contribue à améliorer la trésorerie de l’entreprise, sans nécessiter de formalités complexes ni de création de nouvelles parts de capital. Ainsi, la mise en place d’un compte courant d’associé évite les procédures habituelles comme l’assemblée générale ou encore la modification de statuts.

Ce type de financement est très répandu, notamment dans les petites et moyennes sociétés, les start-up, les SARL, les SAS ou encore les SCI (Sociétés Civiles Immobilières). Pour ces entités, le compte courant d’associé offre une solution souple et rapide pour financer des projets, soutenir le besoin en fonds de roulement ou couvrir des dépenses urgentes et limiter le recours aux emprunts bancaires et aux restrictions que ceux-ci peuvent impliquer.

Sachez qu’il est aussi possible d’utiliser les sommes inscrites en compte courant d’associé afin d’augmenter le capital de la société. Ce montage financier, à réaliser via un jeu d’écritures comptables, peut apporter certains avantages à l’associé concerné. Il peut bénéficier notamment d’une réduction d’impôt sur le revenu au motif de la souscription au capital d’une PME.

Comment ouvrir un compte courant d’associé ?

L’ouverture d’un compte courant d’associé doit respecter un certain formalisme puisque la personne concernée doit posséder des actions ou être titulaire de parts sociales. La règle à respecter est simple : les associés doivent détenir au moins 5% du capital social dans les SA, SARL ou les SAS. Les gérants, administrateurs, membres du directoire ou du conseil de surveillance peuvent eux alimenter le compte courant d’associé sans minimum de détention de parts, tout comme les présidents et directeurs généraux de SAS (s’ils sont associés).

Les fonds placés sur un compte courant d’associés peuvent être bloqués pour une durée d’au moins deux années. Dans ce cas, il n’est pas obligatoire que l’associé ou l’actionnaire détienne au moins 5% du capital social.

Il est fortement recommandé, voire indispensable, de formaliser cette relation financière par le biais d’une convention de compte courant d’associé.

L’importance de la convention de compte courant

La convention de compte courant d’associé est un document contractuel qui définit les règles entre l’associé prêteur et la société. Il s’agit d’un cadre indispensable pour éviter tout litige futur. Une convention précise notamment :

  • Le montant des apports effectués par l’associé au titre du compte courant.
  • Les conditions de remboursement de l’argent avancé qui incluent les délais et les modalités d’exécution.
  • Le taux d’intérêts éventuellement appliqué, ainsi que le mode de calcul et de versement de ces intérêts.
  • Les éventuelles restrictions ou obligations particulières, comme l’impossibilité pour l’associé de réclamer un remboursement immédiat si la société rencontre des difficultés de trésorerie.

L’objectif de la convention est de sécuriser la relation entre les parties, d’éviter les malentendus et de fournir un cadre clair et pérenne. Elle peut être rédigée avec l’aide d’un expert-comptable, d’un avocat ou d’un conseiller juridique pour garantir sa validité et sa conformité aux règles en vigueur. En cas de conflits, cette convention servira de référence pour trancher et préserver l’équilibre entre l’associé et la société.

Les éléments essentiels dans une convention de compte courant d’associé

Éléments de la convention Description
Identité des parties Informations sur la société (dénomination, siège social, forme juridique, RCS) et sur l’associé (nom, prénom, adresse, qualité d’associé).
Objet de la convention Définition du compte courant d’associé qui précise qu’il s’agit d’une mise à disposition de fonds sans augmentation de capital.
Montant des sommes avancées Indication du montant initial et des modalités d’alimentation (versements complémentaires éventuels).
Durée et modalités d’utilisation Période pendant laquelle le compte courant est maintenu, conditions de renouvellement ou de fermeture, ainsi que les modalités de retraits éventuels par l’associé.
Taux d’intérêts et calcul Taux d’intérêts convenu (le cas échéant), mode de calcul (annuel, trimestriel), date de paiement des intérêts.
Plafond de déduction fiscale Référence au taux maximal déductible, s’il est prévu de respecter ce plafond.
Modalités de remboursement Les conditions pour le remboursement partiel ou total : délai de préavis, possibilité de remboursement anticipé, priorités en cas de difficulté de trésorerie.
Dispositions fiscales Rappels sur la nature des intérêts (déductibilité limitée, obligation de déclaration par l’associé), conséquences en cas de dépassement du taux limite.
Garanties et sûretés éventuelles Si prévu, mention de garanties accordées à l’associé ou à la société (nantissement, cautions…).
Clause de renonciation ou de suspension Les conditions dans lesquelles l’associé peut suspendre ses versements ou la société peut refuser un retrait momentané.
Entrée en vigueur et signatures Date de prise d’effet, signatures des parties, éventuellement mentions légales (enregistrement, notification aux organes de direction, etc.).

 

Les intérêts et le taux à appliquer

L’un des aspects essentiels du compte courant d’associé réside dans la possibilité de verser des intérêts à l’associé pour l’argent avancé. Il ne s’agit pas d’une obligation, mais plutôt d’une option. Les intérêts viennent rémunérer l’immobilisation des fonds dans le but d’inciter l’associé à mettre à disposition de l’argent. Cependant, il convient de respecter certaines règles :

  • Le taux d’intérêts doit être fixé dans la convention.
  • Il doit rester dans des limites raisonnables, afin d’éviter tout risque de requalification fiscale. Les intérêts ne doivent pas dépasser le taux maximal autorisé par la réglementation, sous peine d’attirer l’attention de l’administration fiscale. (cf. le tableau le site du Service Public avec les taux minimaux mis à jour à chaque mois)
  • Le montant des intérêts constitue une charge déductible pour la société, ce qui permet de réduire son résultat imposable, à condition que le taux et les conditions soient conformes aux exigences légales.

Exemple :
Un associé accorde à la société une avance en compte courant de 20 000 €. Le taux d’intérêts est fixé à 4,5 %.

La société clôture son exercice le 30 juin 2024, le taux de référence applicable est donc de 5,96 %. Au moment du remboursement des fonds, la société devra verser à l’associé 900 € d’intérêts (4,5 % de 20 000).

Puisque les intérêts versés (900 €) sont inférieurs au plafond de déduction autorisé (1 192 €, soit 5,96 % de 20 000), la société pourra déduire la totalité de ces 900 € de son bénéfice imposable.

Le versement d’intérêts peut donc représenter une opportunité pour l’associé, qui perçoit une rémunération sur son apport temporaire, et pour la société, qui bénéficie d’un mode de financement interne potentiellement plus avantageux qu’un crédit bancaire. Toutefois, cette option doit être maniée avec prudence et justesse.

Le remboursement du compte courant d’associé

Le principal avantage du compte courant d’associé tient à sa flexibilité en matière de remboursement. En principe, l’associé peut réclamer à tout moment le remboursement des sommes mises à disposition, sauf si la convention en dispose autrement. Cette souplesse constitue un atout considérable, mais elle peut également devenir une source de tension si l’associé décide de récupérer son argent à un moment inopportun pour la société. Il est donc recommandé de prévoir, dans la convention, des conditions de remboursement adaptées : un délai de préavis, des modalités échelonnées, ou encore la possibilité de limiter le retrait de fonds en cas de tensions sur la trésorerie. Ces précautions permettent de prévenir les problèmes et d’assurer une cohérence globale dans la gestion financière de l’entreprise.

Cadre fiscal et social du compte courant d’associé

Sur le plan fiscal, les intérêts versés à l’associé sur son compte courant sont considérés comme des revenus de capitaux mobiliers. Ils doivent donc être déclarés par l’associé au titre de l’impôt sur le revenu. Pour la société, ces intérêts constituent des charges financières déductibles, sous réserve que le taux d’intérêts ne soit pas excessif.

D’un point de vue social, le compte courant d’associé ne génère pas, en principe, de cotisations. Il ne s’agit pas d’une rémunération du travail, mais d’un prêt interne. Les intérêts ne sont donc pas soumis à des prélèvements sociaux assimilables à des salaires. Néanmoins, une vigilance s’impose : si le montant des intérêts est disproportionné par rapport à la nature de l’apport, ou si l’associé est également un dirigeant rémunéré, il convient de s’assurer que la situation ne prête pas à confusion quant à la nature réelle de ces sommes.

Tableau récapitulatif des principales règles fiscales applicables aux comptes courants d’associé, pour la société bénéficiaire des avances et pour l’associé titulaire du compte courant.

Éléments Société bénéficiaire des avances Associé titulaire du compte courant
Qualité du prêteur Doit être un associé détenant une part du capital Est associé de la société (déjà au capital)
Nature de l’avance Prêt interne (pas d’augmentation de capital) Avance temporaire de fonds à la société
Taux d’intérêts Librement fixé, mais ne doit pas dépasser le taux de référence fixé trimestriellement par l’administration fiscale Peut négocier le taux avec la société, dans la limite du taux maximal déductible
Déduction des intérêts Intérêts déductibles dans la limite du taux de référence. Si le taux convenu est supérieur, la fraction excédentaire n’est pas déductible N/A (L’associé ne déduit pas, il perçoit)
Imposition des intérêts perçus Les intérêts versés sont une charge financière pour la société Les intérêts perçus par l’associé sont soumis à l’impôt sur le revenu (revenus de capitaux mobiliers) et, le cas échéant, aux prélèvements sociaux
Réintégration fiscale Si le taux pratiqué est supérieur au taux de référence, la différence non déductible doit être réintégrée au résultat imposable de la société L’associé n’a pas de réintégration à effectuer ; il déclare simplement les intérêts perçus
Plafond de déduction Basé sur le taux de référence publié chaque trimestre par l’administration (impots.gouv.fr / BOFiP) Sans objet. Le plafond n’affecte pas l’associé directement, seulement la société
Conditions de remboursement Fixées par la convention de compte courant ; l’associé peut exiger le remboursement à tout moment, sauf clause contraire L’associé peut demander le remboursement des sommes avancées conformément aux modalités prévues dans la convention
Risque fiscal En cas de dépassement du taux plafond, risque de requalification et réintégration de la partie excédentaire des intérêts L’associé doit déclarer ses intérêts conformément à la législation. Tout manquement (omission de déclaration) peut entraîner un redressement
Documentation et preuves Conservation de la convention de compte courant, justificatifs de versement et de remboursement Conservation des avis de situation, relevés bancaires et documents fiscaux relatifs aux intérêts perçus

 

Compte courant d’associé, un outil stratégique pour la trésorerie

La principale fonction du compte courant d’associé est d’offrir à la société une réserve financière interne, apte à renforcer sa trésorerie en cas de besoin. Il s’agit d’un mode de financement qui peut s’avérer précieux dans diverses situations :

  • Financement de projets ponctuels : l’entreprise peut avoir besoin de fonds à court terme pour lancer un nouveau produit, investir dans du matériel ou réaliser une opération commerciale.
  • Gestion des variations de trésorerie telles que les fluctuations saisonnières ou conjoncturelles peuvent être mieux absorbées grâce au compte courant et l’entreprise évite ainsi d’avoir recours à des crédits bancaires coûteux.
  • Anticipation de dépenses futures : l’associé peut mettre temporairement de l’argent à disposition pour couvrir des charges à venir, sans nécessiter de modifier le capital.

Cette flexibilité et cette réactivité offrent un avantage concurrentiel à l’entreprise, qui peut ainsi mieux appréhender les opportunités et contraintes financières.

Le cas particulier des SCI

Les SCI, dédiées principalement à la gestion immobilière, recourent fréquemment aux comptes courants d’associés. Ces derniers permettent de financer l’acquisition de biens immobiliers, la réalisation de travaux ou encore le règlement des charges courantes, sans avoir à augmenter le capital. Les associés d’une SCI trouvent ainsi dans le compte courant un outil pratique et rapide pour gérer leur patrimoine immobilier, optimiser leur trésorerie et ajuster leur stratégie d’investissement au fil du temps.

Les précautions et les limites du compte courant d’associé

Malgré ses avantages, le compte courant d’associé comporte certains risques et limites :

  • Le risque de retrait brutal des fonds : si un associé décide de retirer son argent sans préavis, cela peut fragiliser la trésorerie de l’entreprise. C’est pourquoi la convention doit prévoir des conditions de remboursement claires.
  • Le risque fiscal : un taux d’intérêts excessif ou des conditions peu transparentes peuvent susciter l’attention des autorités fiscales et conduire à d’éventuels redressements.
  • Les conflits entre associés : si le compte courant n’est pas encadré par une convention solide, des désaccords quant aux modalités de remboursement ou au calcul des intérêts peuvent survenir et compromettre la bonne entente au sein de la société.

Notre conseil

Bien maîtrisé, le compte courant d’associé s’impose comme un levier stratégique qui assure une plus grande autonomie financière à l’entreprise, quelle que soit sa forme juridique (SARL, SAS, SA, SCI, etc.). Le compte courant d’associé se positionne comme un élément clé dans la boîte à outils financière des dirigeants qui permet de sécuriser la trésorerie, d’assurer une croissance pérenne et de préserver l’équilibre social et économique de leur entreprise. N’hésitez pas à solliciter l’avis d’un expert-comptable, d’un avocat spécialisé en droit des sociétés, ou d’un conseiller en gestion d’entreprise. Ces professionnels vous aideront à définir un taux d’intérêts juste, à encadrer la relation entre associés, à prévoir des modalités de remboursement équilibrées et à garantir une sécurité juridique à long terme.